Ses ateliers

Un héritage précieux

La richesse de la Fabrique de soie de la Galicière tient au fait d’avoir conservé ses machines dans ses ateliers. L’activité de moulinage s’était adjointe les phases de production et de préparation de la soie grège, magnanerie et filature et sur un même site sont donc regroupées toutes les phases de production du fil de soie, du grainage au moulinage.

Au moment du déclin de l’industrie soyeuse, presque partout ailleurs les machines en bois, facilement démontables et devenues inutiles ont été remplacées par d’autres. On mesure alors l’importance historique et patrimoniale d’une usine comme celle de la Galicière, particulièrement bien conservée aujourd’hui, qui offre un précieux témoignage de ce que furent ces petites unités de production implantées en milieu rural.

S'il peut paraître surprenant de qualifier d'esthétiques des machines de production, celles que l'on peut voir dans ces lieux ont véritablement belle allure.

Les imposants moulins à retordre notamment, entièrement en bois de noyer, avec leur bâti d’environ 6 mètres de long sur 4 mètres de haut, leurs vargues nées d’un assemblage précis de multiples pièces, et leurs élégants rouages composés de pignons parfaitement ajustés, font ainsi forte impression. Citons encore les longues banques de dévidages, également en noyer, garnies de leurs tavelles ou celles de doublage avec leurs petits tubes en verre formant spirale sur lesquels on accrochait le fil de soie.

Moins volumineux mais tout aussi significatifs, les petits établis logés dans l’embrasure des fenêtres conservent encore, pour certains, leur outillage : les trafusoirs, ces sortes de longues chevilles de bois dur destinées à recevoir les flottes de soie, demeurent fixés dans les murs ; le porte-lume qui permettait au moulinier d’accrocher sa lampe à huile, reste vissé au plafond. Ici, rien ne semble avoir bougé depuis la fermeture de l’usine dans les années 1930.

L'usine de moulinage de la Galicière produisait de l'organsin, comme la plupart des moulinages du Vivarais voisin.

L’organsin fil de soie ouvrée très résistant destiné à la chaîne lors du tissage. La torsion du fil est donnée par les moulins.

Le fil d’organsin est composé de deux ou plusieurs bouts distincts préalablement tordus à gauche (torsion en Z), puis assemblés, avant de subir une torsion inversion (torsion en S), secon apprêt.

Le travail de moulinière consistait essentiellement à surveiller attentivement les roquets qui se dévident et renouer les fils cassés. Un travail adroit et précis adapté aux petits doigts féminins. Les axes de rotation de la Galicière portent encore des traces de fils de soie coincés. Ces déchets inutilisables étaient parfois quantifiés et déduits du salaire de l’ouvrière maladroite.

L'ensemble de ces machines a été inscrit au titre des Monuments historiques le 14 juin 2007.

Alors même si ces machines se sont tues depuis longtemps, que les ouvrières ont quitté les lieux, la vie est encore bien là, logée au plus profond de ces ateliers. Un simple instant d’éternité pour le plaisir des yeux.